- Ce matin-là, une averse diluvienne s’était déversée sur la forêt et la lande était gorgée d’eau, à tel point que de petites rivières filaient le long des plateaux. Cœur de Foudre avait dirigé la patrouille de l’aube à la frontière avec le Clan du Ruisseau, ces derniers avait le plus petit territoire des trois clans et le rouquin redoutait que les guerriers ennemis soient tentés de leur prendre quelques proies lors de la mauvaise saison. Si j’en surprend un en train de voler le gibier de mon clan, je jure devant le Clan des Etoiles que je le transforme en chair à corbeau ! se dit-il en plongeant ses griffes dans le sol meuble du camp. Mais heureusement pour eux, il n’y avait aucune trace d’intrusion, ni du côté du Clan du Marais d’ailleurs. Le lieutenant commençait à s’inquiéter à la vue de la saison des neiges qui se profilait à l’horizon, cette année promettait d’être aussi rude que la dernière. Il n’avait été nommé second que depuis quelques jours et craignait que sa tribu subissent de grosses pertes à cause de son inexpérience. Je n’ai pas à m’inquiéter, tous les lieutenants sont passé par là, essaya-t-il de se rassurer sans vraiment y croire. Lui, il n’avait pas tout le soutien de ses camarades, certains le méprisaient et d’autres se méfiaient toujours de lui, prétendant que si le Clan Sombre devrait réaparaître, Cœur de Foudre serait dans le coup et que cette fois, les clans n’échapperont peut-être pas à un menace qui vient de l’intérieur. Mais Etoile du Faucon avait foi en le guerrier et lui faisait confiance. C’était tout se qui comptait.

Cœur de Foudre finit en deux bouchées le campagnol qu’il s’était pris à la réserve de gibier puis donna quelques instructions aux vétérans disponibles. Il était toujours embarrassé de donner des ordres aux félins plus vieux que lui. Accompagné de trois chasseurs, il se lança entre les quelques pierres qui saillaient de ça et là, donnant au camp un rempart presque infranchissable, puis rejoignit le bord du lac où il avait décidé de chasser – ainsi que de vérifier par lui-même la limite de son territoire avec le Clan du Marais. Ses compagnons se retrouvaient plus en hauteur, décidés à courir après les lapins mais le matou au beau pelage doré s’était résigné aux rongeurs et aux oiseaux, voir même aux reptiles en contrebas puisqu’il était aussi maladroit qu’un guerrier du clan voisin pour attraper les lièvres !

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